Toujours sur cette mer sauvage

On va sur une mer.

Vient l’idée du naufrage et du lent tournoiement vers l’abîme.

Le sentiment de l’éperdu.

Il y a le silence, la solitude, l’envahissement de la vague.

La peur de la noyade et l’inondation par l’effroi.

La confiance fragile sous l’horizon distant.

La merveille de l’étendue.

Il n’ y a ni commencement ni fin mais la répétition inlassable du même mouvement.

On nage vers la rive lointaine .

La mer enfle, lourde d’une prémonition.

Bientôt reviendront le saccage et la dure loi des brisants.

Le corps se courbe et lutte sous l’orage,

L’aube se lève, le ciel se vide.

Un soleil monte dans la splendeur.

Tout semble neuf et presque calme.

Survient cette beauté, la rencontre nuptiale,

Ces corps, délivrés de la nuit, liés par les vents,

soufflés vers l’immense bouche du monde.