LÉO, LE GRAND LION
Je t’appellerai Leo, avait dit papa lion à son petit lion.
Leo était fier de son prénom, Leo le lion !
Oui, Leo était bien un lion mais un lion encore petit, trop petit pour pouvoir suivre son papa partout où il allait.
Papa lion partait souvent à la chasse, longtemps. Leo le languissait. Papa lion revenait toujours très fatigué et ramenait de quoi nourrir toute la famille et quand tout le monde avait bien mangé, le plaisir de Leo était de s’allonger l’oreille collée au gros ventre de son papa où il entendait gronder des orages.
Leo rêvait, il s’imaginait partant à la chasse avec son papa et partageant les aventures qu’il imaginait toujours plus extraordinaires, des grands lions, chasseurs des grandes plaines.
Un jour il serait grand, un jour il serait fort, plus fort que papa sans doute et il irait lui, Leo le féroce, seul à la chasse dans l’immense et dangereuse savane.
D’ailleurs, il allait partir tout de suite !
Et Leo s’élançait, courant vers l’aventure et imaginant des dangers qui, bien sur, n’existaient pas. Ses parents étaient là qui veillaient sur lui, tout était calme autour de leur tanière où aucun animal n’aurait osé se risquer et puis il y avait les amis de Leo…
Mais… c’était bien là son problème !
Pourquoi le monde était-il si mal fait ? se demandait Leo.
A l’exception de quelques vrais amis, le monde semblait peuplé de petits lions tous plus méchants les uns que les autres.
A la grande honte de Leo, certains étaient plus forts que lui, plus féroces semblait-il.
D’autres paraissaient même plus intelligents, ce qui rendait Leo fou de rage et, comble de tout, ils se moquaient de Leo !
Il ne comprenait pas comment on pouvait se moquer de lui, Leo, qui, il le savait, avait l’âme d’un grand lion et la bravoure du roi des animaux.
Leo était malheureux…
Enfin, pas tout le temps.
En fait Leo était un petit lion très heureux et de bonne composition. Il aimait la vie et souriait presque tout le temps de toutes ses dents déjà bien aiguisées.
« Souris, souris » se moquaient ses camarades jaloux des magnifiques dents blanches de Leo.
Et Leo, tout drapé dans son orgueil entendait : »La souris, la souris ». On le prenait pour une souris, lui, Leo le puissant lion. Comment osait-on ?
Le cœur de Leo se brisait et il allait pleurer auprès de sa maman qui seule parvenait à le consoler de tous les malheurs du monde.
Ce que Leo ne savait pas, c’est que les méchants petits lions étaient jaloux de Leo.
Et, savez-vous pourquoi ?
Leo était beau et très intelligent.
Ce qui, dans la vie on le sait, vous vaut beaucoup d’ennemis
Quand il souriait, il dévoilait de magnifiques dents blanches et son père, le vieux lion, se disait plein de fierté :
« Mon fils, Leo, sera un beau et fort lion, on peut le voir à ses dents, il promet… Bon, il est un peu rêveur mais à son âge, je rêvais moi aussi, ça ne m’a pas empêché de grandir et d’apprendre comment affronter la savane. »
Le père de Leo avait confiance dans son fils, il le regardait grandir avec plaisir et le laissait affronter les problèmes de tous les petits lions du monde en sachant que Leo saurait sortir vainqueur de toutes ces épreuves.
« Il apprendra, pensait-il, il doit apprendre, la vie dans la savane est dure et il n’y a pas de place pour les cœurs d’artichaut. »
Leo, quant à lui, savait bien ce que pensait son père mais dés qu’il sortait de la tanière, il se retrouvait face aux méchants petits lions et se demandait bien comment faire.
Alors, il partait seul se promener, ruminant ses pensées, s’inventant des aventures, respirant à plein poumons l’odeur sauvage de la nature et se disant : »Un jour, un jour, je grandirai et là ils verront bien si je suis une souris ou bien un lion, ils verront ! »
Le soleil se couchait sur l’immense plaine. « C’est comme du sang tout chaud » pensait Leo.
La nuit venait.
Il se sentait en paix avec lui-même. Il savait bien au fond qu’il n’avait rien d’une souris. Il savait qu’un jour il grandirait. Il était trop impatient voilà tout !
« Mais, quand papa va-t-il renter ? » Se demandait Leo, pendant qu’au loin, le grand soleil disparaissait engloutissant le monde dans l’ombre de la nuit.
Pour mon fils, Soleyman, que j’aime tendrement