Je connais vos eaux mortes et je sais les désastres du monde.
Je vois vos déserts et vos ruines, l’assèchement de vos espoirs et les
constructions dérisoires de votre folie.
Je me méfie de vos promesses et du monde que vous faites
semblant de m’offrir.
Je n’en ai nul besoin.
En moi la vie déborde, tout s’écoule suivant ma pente.
Je ne sais pas si elle rejoindra celle sur laquelle vous vous laissez
glisser.
Je ne le voudrais pas.
La pluie de l’avenir ruisselle sur mon visage, elle me lave de vos
prémonitions, elle forme le ruisseau de ma jeunesse, son eau est
pure encore et son flot insouciant.
Je sais bien qu’il mène à une mer commune qui forme notre même
destin.
Mais le flot ne tarit pas en moi, il coule joyeusement par dessus vos
inquiétudes et la fatalité du lointain océan.
Ma jeunesse fait voler mes jambes. Je danse. Je suis l’eau vive dont
vous avez oublié la source. Je suis votre avenir et j’en suis la
promesse.
Regardez-moi :
Je suis les rivières.

                                Heddy Maalem